Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Comment allez-vous aujourd'hui ? Me concernant, je suis un peu en vrac. En fin de semaine, j’ai eu un accident avec le four de mes parents. Pour faire court, la porte du four est retombée sur un de mes doigts. Rien de grave, mais j'ai tout de même eu les chairs écrasés. Et ça, je peux vous dire que c'est pas la fête !
Sans transition, je voudrai vous parler aujourd'hui de cœur à cœur.
J'écoute beaucoup la radio. D'aussi loin que je me souvienne, je l'ai toujours beaucoup écoutée. J'ai le sentiment de mieux entendre ce que les gens ont à me dire, quand il n’y a pas la distraction de l'image. Le concept de la radio filmée est d'ailleurs, un concept qui me rend chèvre et qui me dépasse au plus haut point.
Il y a quelques semaines, dans une émission que je ne peux citer, car je l'ai prise en cours de route, j'ai entendu la phrase suivante :
" Les gens déplacés ont quelque chose à nous dire ".
Cette phrase m'a transpercé, car je pense en effet que les gens déplacés ont quelque chose à nous dire. Et, je ne parle pas que des personnes qui fuient leur pays en guerre.
Quitter son pays est souvent un arrachement. L'exil oblige à une incroyable gymnastique de l'esprit et du cœur. Il faut s'adapter à une nouvelle culture, très souvent à une nouvelle langue, une autre manière de vivre, de penser, d’aimer et même d'être au monde.
Toute personne capable d'une telle adaptation est nécessairement une personne qui a quelque chose à nous dire, à nous apprendre et à nous partager.
J'ai aimé vivre dans des pays différents (Roumanie et Québec) et évoluer dans un environnement de travail international, car à ces occasions, j'ai fait des rencontres extraordinaires, des rencontres que je n'aurai probablement jamais faite en restant chez moi, à Nantes.
Entendre un homme me parler de l'onde de choc qu'il a ressenti à l'occasion du tremblement de terre chez lui en Haïti et me décrire à quel point sa vie n'a plus jamais été la même et comment l'écriture, et plus précisément la poésie, lui a permis de reprendre goût à la vie, m'a changé.
Entendre une jeune étudiante roumaine me dire que même si petite, l'argent ne coulait pas à flot (ses parents avaient plusieurs boulots pour subvenir aux besoins de la famille), mais que l'amour inconditionnel dont elle avait bénéficié lui avait donné une confiance immense lui permettant d'atteindre ses objectifs, même les plus improbables m'a énergisé.
Mon cœur s'ouvre en grand à l'écoute de ces histoires. On entend souvent ici ou là cette phrase idiote : " Il faut apprendre à gérer ses émotions ". Je pense tout l'inverse. A mes yeux, l'important n'est pas de savoir gérer ses émotions, mais bien de savoir les exprimer et de les mettre au service de soi et des autres.
On ne devrait pas craindre d'être trop sensible ou hypersensible (mot à la mode), on devrait craindre de ne pas l'être assez.
A l'approche de la nouvelle année, je formule le souhait de continuer à être touchée par tout ce qui peut arriver à mon prochain.
Je formule le souhait de ne pas m'accoutumer à la douleur, à la laideur, à la noirceur.
Je formule le souhait de continuer à entendre, la parole de toutes celles et de tous ceux qui ont quelque chose à me dire et qui mérite toute mon écoute.
Je formule le souhait de garder le cœur pleinement ouvert, peu importe ce qui se passera dans ma vie.
Et vous, quels sont vos souhaits ?
Je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année.
A tout bientôt.
Affectueusement,
Colombe