Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Ici, le ciel est chargé de gros nuages. Je ne parle pas que de la météo. Mais, ce n’est pas de ça dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui. Car, malgré les galères, la vie continue et réserve de jolies surprises.
Ce matin, j’ai envie de vous parler de qui je suis, car depuis 2 ans, je crois ne m’être jamais vraiment présentée. Je vous ai livré plein de bribes de moi, mais tout est épars. Il y a 1 mois, j’ai été interviewée par une très chouette personne dont je vous parlerai assurément dans un prochain billet. Elle voulait en savoir plus sur moi, ma vie, mon oeuvre. Je plaisante ! J’ai raconté quelques trucs, mais j’ai eu le sentiment que c’était un peu trop sommaire et du coup, je crois que j’ai envie de vous livrer plus de choses.
Je m’appelle Colombe, mais j’ai failli ne jamais m’appeler comme ça. Mon père voulait m’appeler Alice et ma mère était prête à divorcer sur le champ (le pire c’est que la connaissant, elle l’aurait fait) s’il n’acceptait pas le prénom de Colombe. Vous connaissez la suite. Ce prénom, je l’aime follement. Il m’a permis et me permet encore aujourd’hui de créer un premier contact très facile avec les gens. Il m’a rendu de fiers services. Généralement, on se souvient de moi. Et ça, c’est plutôt chouette dans un monde où l’uniformité nous guette.
Je suis née, le 18 janvier 82. Je suis capricorne, ascendant bélier. Je crois pas vraiment à tous ces trucs de signe, mais une de mes copines est fan et adore me raconter plein de trucs là-dessus en me disant : « T’as vu, c’est tout toi ». J’ose rarement la contredire. La frontière est mince entre le pouvoir de l’amitié et le manque de courage.
Ma mère a eu beaucoup de mal à m’avoir. Elle est restée alitée pendant 6 mois. Pour une hyper-active comme elle, j’imagine combien ça a du être l’enfer. Elle évoque très rarement cette période, mais je sais qu’elle a morflé.
De ce qu’on m’a dit, j’étais un bébé super cool. Mangeant de tout et beaucoup, dormant beaucoup et pleurant très raisonnablement. J’étais grosse comme une boule ! À 1 an, j’étais déjà attirée par l’univers de la cuisine. Je regardais ma mère faire la popote avec joie et admiration. J’aimais déjà les fromages qui puent et aimais tout sentir et découvrir de nouvelles choses.
Quand je regarde les photos de moi et mes parents, je me trouve à la fois dans la lune et en même temps extrêmement présente. Sur toutes les photos, on ne voit que mes grands yeux bleus.
A l’âge de 4 ans, ma soeur Victoire est arrivée. Il parait que j’étais heureuse d’avoir une petite soeur et en même temps très inquiète de devoir partager mes parents. Inconsciemment, je devais me dire que désormais, tous les regards ne me seraient plus destinés et que l’amour serait divisé. Ce qui est évidemment totalement faux et qui n’a pas été le cas.
Ma soeur a été une bourrasque. C’était un courant d’air et elle l’est restée. Toute petite déjà, elle aimait amuser la galerie et faire mille pitreries. A elle, l’humour à moi, le côté sérieux et mesuré. En tout cas, c’est comme ça que mes parents nous voyaient et nous décrivaient aux yeux des autres. Ça me semble tellement réducteur, mais c’est comme ça !
J’ai le souvenir d’une enfance heureuse. Je lisais déjà beaucoup, tout en me goinfrant de figolus. J’aimais prendre mon vélo et partir des heures entières. Je ne comprenais pas pourquoi les adultes voulaient savoir ce que j’avais fait, qui j’avais vu et si j’avais parlé à quelqu’un. Déjà, à cette époque-là, j’étais hyper indépendante et n’aimais pas vraiment rendre des comptes. L’été, je me posais sur ma serviette, ouvrais un livre et finissais par m’endormir en plein soleil. J’avais une sainte horreur que ma mère vienne me réveiller pour me mettre de la crème. Ça a bien changé. Aujourd’hui, je supporte difficilement le soleil et met de l’écran total quasi toute l’année. Mon ami le cancer est passé dans la famille.
J’aimais m’allonger sur mon lit et faire parler le plafond. Mon imagination était débordante. Je vous rassure, je ne prenais pas de champi. J’ai commencé à écrire vers l’âge de 10 ans, peut-être même un peu avant. J’écrivais des poèmes. Dixit ma mère, c’était pas si mauvais que ça. Ma mère a le compliment facile. J’ai retrouvé très peu de poèmes. Mes parents faisant un tri 1 fois tous les 10 ans, j’imagine qu’ils sont partis à la déchetterie avec d’autres trucs.
Entre 10 ans et 18 ans, je ne saurais pas vraiment vous dire ce que j’ai fait. J’ai le souvenir d’un temps qui s’étire et d’une vie trop monotone pour moi. Ecole, journée/soirée d’anniversaire, cours de théâtre et danse classique/moderne jazz, journée à la médiathèque, innombrables voyages à l’étranger…
J’étais plutôt bonne élève surtout dans les matières littéraires. J’adorais échanger avec certains de mes profs : M.Texier, Mme Douaire, Mme Mineo. Je les trouvais tellement plus intéressants que mes camarades de classe.
J’étais pas très populaire, mais curieusement hyper respectée. Je n’ai jamais voulu faire partie d’un club et de tout ce qui s’apparente à un gang. Déjà, j’aimais bien les gens un peu en marge, les personnalités différentes. Jusqu’à l’âge de 18 ans, je préférais largement la compagnie des garçons que des filles. Ils me racontaient toutes leurs histoires de coeur auxquels je ne comprenais strictement rien. Quand j’y pense, tout ça me semblait bien compliqué.
L’adolescence a été une période difficile. J’étais grande, bien plus grande que les autres, très mince, plate comme une limande et j’avais des boutons. Le combo magique ! Je ne comprenais pas ce corps qui changeait et qui attirait certains regards. Mes règles ont été une très mauvaise nouvelle pour moi, une complication supplémentaire.
Avoir 18 ans n’a rien changé dans ma vie. Ayant toujours été très indépendante et autonome, je ne me suis pas sentie plus adulte. Je ne sais toujours pas vraiment ce que veut dire être adulte. Après quelques années passées à Nantes (prépa littéraire et Deug de droit), je suis partie poursuivre mes études à Paris. Quel kif ! J’ai adoré les 3 ans passés là-bas. Je me suis nourrie d’expos, de films, de voyages au 4 coins de l’Europe (c’était les débuts de Ryanair). J’ai fait mille boulots en parallèle de mes études. Serveuse ayant été la pire des expériences. Non seulement, je faisais tout tomber, mais en plus, je mélangeais les commandes. Alors, j’étais géniale avec les clients, mais une catastrophe ambulante. J’ai jamais été aussi bien virée de ma vie. C’est d’ailleurs la seule et unique fois de ma vie où j’ai été virée. Le patron était navrée de se séparer de moi. On en a même ri !
Je suis beaucoup sortie. J’ai fait mes premières rencontres amoureuses et connu mes premiers chagrins. J’ai jamais su quand un mec s’intéressait à moi. Je n’arrive toujours pas à capter les signaux faibles du reste. Combien de fois des copines m’ont dit : « Colombe, tu lui plais » et moi de répondre : « Mais non, t’es conne, il me trouve juste amusante ! »
Après mes études, je voulais absolument aller travailler à l’étranger. Normal me direz-vous pour quelqu’un qui a fait des études en Relations Internationales ! Je suis donc partie en Roumanie à Iasi pour être plus précise bosser dans un Centre Culturel. J’ai toujours pensé que l’altérité se vit physiquement et doit s’éprouver. J’ai adoré vivre là-bas. Tout était si différent de ce que j’avais connu jusqu’à présent. Pas seulement la langue, mais le rapport au monde, les gens, la nourriture. J’avais un boss extra avec qui j’ai noué des relations dépassant largement le cadre strictement professionnel. Ensemble, on a couru les expos, les concerts, les pièces de théâtre. On s’est parlés de nos lectures, échangés de nombreux livres. Grand mélomane, il m’a fait découvrir une tonne de musiciens. Je me suis sentie ignorante plus d’une fois. C’est là que j’ai compris que j’avais besoin d’estimer les gens avec qui je bosse et avoir une relation de proximité. Si j’ai pas envie d’aller prendre une bière avec mon boss ou avec mes collèges, c'est très mauvais signe chez moi. J’ai parcouru la Roumanie de long en large et en travers en ayant l’impression de ne jamais vraiment la saisir. Ce pays me ressemble : sur la réserve au départ, mais chaleureux, vibrant et surtout bouillonnant.
Après la Roumanie, je suis partie au Québec, une province du Canada dont je ne connaissais rien et pour laquelle j’ai eu un coup de foudre. Tout m’a plu là-bas ou presque. La manière d’envisager le travail, les gens, l’accent, l’environnement, les paysages. Je m’y suis fait des amis incroyables, des amis pour la vie.
J’ai beaucoup bossé, mais j’ai aussi beaucoup voyagé, rencontré des gens de toutes les Amériques (je bossais pour un organisme gouvernemental dans la francophonie). J’ai jamais entendu parler autant de langues, croisé autant de gens différents et épatants de toute ma vie. Un concentré d’altérité. Je crois avoir vécu les meilleures années de ma vie.
Après 4 ans passés là-bas, je suis rentrée en France. J’avais envie de me rapprocher de ma famille et puis j’avais fait le tour de mon job ! Le retour a été hard, c’est le moins que l’on puisse dire.
Pendant 1 an, j’ai voulu repartir tous les jours. Je me sentais perdue et mélancolique. Je n’arrivais pas à retrouver ma place, notamment ma place professionnelle. On me faisait comprendre que j’étais pas mal décalée, un peu trop conviviale et tutti quanti.
A défaut de trouver un job qui me plait dans une chouette entreprise, j’ai crée mon job. Après m’être occupée pendant près de 2 ans de la communication du concept-store de ma soeur, j’ai lancé mon activité d’accompagnement de free-lances (que des femmes) en lancement d’activité. Pourquoi les femmes ? Parce que nous les femmes, on a toujours tendance à voir petit. On veut tout cadrer avant de se lancer. On se sent illégitime la majorité du temps. On veut faire parfait, sinon rien ! Du coup, c’est souvent rien et c’est affreusement dommage. J’ai adoré booster des dizaines et des dizaines de femmes.
J’ai lancé mille projets en parallèle : j’ai lancé une collection de tee-shirt que j’ai appelée : Nantaise & culottée avec un super partenaire, j’ai co-réalisé un film, j’ai lancé « J’aime mon commerce », un mouvement pour défendre le commerce indépendant, j’ai co-crée Jette toi l’eau !, une association pour promouvoir le passage à l’action, j’ai développé un super projet d’expositions photos avec une amie photographe baptisé, Sisters And Happiness et tellement d’autres choses.
J’ai toujours aimé faire mille choses à la fois et me renouveler sans cesse. J’ai besoin d’être en mouvement et d’activer chaque cellule de mon corps. Je peux m’enthousiasmer aussi vite que je peux me faner.
Depuis 3 ans, j’accompagne des gens dans leurs réflexions professionnelles et envies de changement. J’aime profondément ce que je fais et plus encore, j’aime mon associée, tout comme ma collègue. Même si je me sais compétente et à ma place, ce qui me drive, ce n’est pas tant ce que je fais, mais c’est avec qui je travaille et ce que j’ai envie d’apporter. Mon job à moi, c’est de diffuser de la confiance, c’est d’aider des hommes et des femmes à croire à nouveau en eux/elles et à (re)trouver leur juste place, pas celle qu’on nous assigne ou qu’on voudrait que l’on ait, LEUR place à eux/elles.
Mon désir de maternité est né très tardivement. Pendant longtemps, je n’ai pas voulu d’enfant. Je n’y pensais même pas, à part aux réunions de famille où il y a toujours un gros lourd pour vous rappeler qu’il faudrait se bouger sinon… Sinon quoi Maurice, mon utérus va se désagréger ! J’aimais ma vie comme elle était. Je pensais qu’un enfant m’empêcherait de faire plein de choses et modifierait ma nature profonde. Il y a 3 ans, j’ai rencontré un homme dont je suis tombée très amoureuse. J’avais 37 ans. Et, d’un coup, j’ai basculé dans une autre dimension.
Lui n’en voulait pas et ne savait pas très bien ce qu’il voulait de manière générale. Du coup, j’ai pris la décision qui s’imposait. Je l’ai quitté le coeur serré, mais sans aucuns regrets.
Avant cette belle histoire, j’étais tombée enceinte par accident d’un homme que j’avais rencontré 6 mois auparavant. J’avais pris la douloureuse décision d’avorter. Encore aujourd’hui, cet acte reste une brulure, mais si je l’ai fait en conscience.
Suite à ces événements, j’ai entamé un long chemin pour arriver à distinguer la maternité du couple. En mars 2022, la PMA est entrée dans ma vie de quarantenaire. Et depuis, ma vie est un chantier à ciel ouvert. Hier, ma troisième tentative d’insémination a échoué. J’ai à nouveau ressenti un profond sentiment d’injustice.
Rien n’est plus important pour moi aujourd’hui que de devenir maman, mais mon identité ne saurait se résumer à ce désir viscéral. Il me faut me rappeler que je suis avant tout, une femme libre et enjouée, une amie, une soeur, une amoureuse, une associée, une fille qui aime passionnément écrire, une confidente, une porteuse de projets, une lectrice…
Malgré la difficulté de ce parcours, je suis fière d’être à mon écoute et de tracer mon chemin. J’ai rarement été dans les standards, je n’y suis toujours pas. Et vous savez quoi, j’en suis fière !
Voilà, vous en savez un peu plus sur moi. Un jour un copain m’a dit : « Tu as fait tellement de trucs que personne ne sait ». C’est vrai ! Mais, je crois qu’au fond, j’aime que les gens ne sachent pas tout de moi. Rappelez-vous, vous êtes beaucoup plus vaste que ce que vous dites ou écrivez. Avoir un jardin secret, c’est pas mal aussi.
Je vous embrasse fort,
Colombe
Merci Colombe, tes partages ne cessent de me remplir le cœur ! Apprendre tout un tas de petits détails sur toi est un bonheur, ton parcours est passionnant. Tu es une si belle personne ! L'âme de ton bébé viendra à toi, au bon moment. Je t'envoie toutes mes pensées de réconfort et d'amour pour la suite de cette aventure, et beaucoup beaucoup de douceur dans ton cœur. Gros gros bisous
C'était beau de vous lire. On a tous notre singularité mais vous avez qqc de spécial, vraiment. Vos paroles pleines de sincérité me touchent. Vous avez vécu une belle décennie. Tout le monde ne peut en dire autant. 😉 Le meilleur est à venir tant que vous resterez le capitaine de votre bateau. Je vous souhaite de concrétiser une grossesse prochainement 😉