Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
J'espère que vous vous portez bien. Je serais curieuse de savoir ce que vous avez fait à Pâques. Moi, je suis allée passer le weekend chez mes parents à la campagne.
Depuis que je suis revenue en France, louper l'agneau pascal avec la sauce à la menthe de ma maman accompagné de ses mogettes serait un sacrilège. Chez nous, la bouffe, c'est sacré et les rituels sont nombreux. L'année dernière, j'ai suggéré que l'on innove un peu sur le plan culinaire. Grand bien m'en a pris ! Mon père m'a regardé avec effroi et m'a fait comprendre qu'il faudrait d'abord lui passer sur le corps avant de changer le menu. C'est dit !
Après un déjeuner, disons-le plutôt raté cette année, mon père ayant notamment décidé de changer de fournisseur de viande pour le meilleur et pour le pire (en l'occurrence, surtout pour le pire) et ma mère d'oublier les flageolets sur le feu. Pas grave, je me suis vengée sur les desserts, moi qui suis d'ordinaire plus salé que sucré. Vous imaginez bien que l'occasion était trop belle pour ne pas vanner mon père et ne pas souligner l'importance de respecter les traditions (ce qui implique pardi de ne pas changer de boucher sur un coup de tête et surtout pas pour Pâques). Oui, je sais, c'est laid, mais qu'est-ce que c'était bon !
A l'issue de ce merveilleux déjeuner, alors que certains sont partis faire la sieste, d'autres ont préféré bouquiner et lézarder au soleil en se bourrant de chocolats et en se racontant les derniers potins, que du vieux soyons honnêtes.
Me concernant, j'ai eu envie de me plonger dans des albums photos. Chez nous, rien n'est vraiment classé. Tout est mélangé. En gros, c'est le souk !
Ce qui m'a amusé, c'est de retrouver une photo de moi à 35 ans d'écart. En me regardant, je me suis dit que la constante, c'était mes billes bleues. Pas le même âge, mais le même regard.
Je me demande parfois ce que la petite coco penserait de la grande. Je crois qu'elle ne serait pas étonnée de sa liberté de penser et d'action. Elle penserait tout de même qu'elle se met souvent dans des situations compliquées, voire même parfois sans issue pour ne pas risquer de décevoir. Elle penserait peut-être qu'elle ne s'autorise pas assez à se fiche la paix et à vivre comme elle a envie de vivre, même si sa façon de vivre est hors standard l'immense majorité du temps.
Elle penserait qu'elle est parfois trop sérieuse ou trop rêveuse. Elle penserait qu'elle a toujours des problèmes non résolus avec son corps. Elle penserait que si elle n'a pas choisi l'écriture comme voie professionnelle, c'est par manque d'audace ou de courage.
Elle penserait comme aujourd'hui qu'il n'est jamais trop tard pour se réinventer et vivre pleinement sa vie. Elle penserait enfin qu'elle mérite d'être aimée et qu'il va falloir s'en convaincre sans attendre afin de ne pas passer à côté de l'amour, le vrai.
Je dédie ce billet à tous les enfants que nous avons été et que nous sommes encore, malgré le poids des années, des traditions et des injonctions en tout genre.
Coup de foudre pour cette chanson découverte hier soir à une heure indue.
Doux jeudi à toutes et à tous.
Affectueusement,
Colombe