Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
J’ai parfois le sentiment que plus je veux quelque chose, plus c’est compliqué pour moi de l’avoir. Est-ce que ça vous fait ça aussi ?
Depuis que j’ai pris la décision de m’engager pleinement dans un parcours PMA en solo (j’ai quand même mis 2 ans à prendre cette décision = la fille qui est un peu lente à la détente), je me rends compte que chaque échec que je vis est difficile à vivre et engendre de multiples doutes et d’innombrables remises en question.
Mardi matin, je n’ai pas pissé sur un bâtonnet comme font des millions de femmes dans leur parcours classique de grossesse, j’ai été direct au laboratoire avec une ordonnance de l’hôpital pour savoir si l’insémination que j’avais faite, il y a 15 jours avait marché. Et là, seule derrière mon ordi, je n’ai pas immédiatement compris les résultats jusqu’à finalement comprendre que le résultat était NÉGATIF ! Putain de test.
Pourtant, depuis 2 ou 3 jours, j’avais l’intuition d’être enceinte. Mon champ visuel s’est illico rétréci, mes yeux se sont embués à la vitesse de la lumière et mon coeur s’est serré.
Depuis 3 mois, j’ai l’impression d’être Alice dans le labyrinthe. Elle est où la lumière ! J’aimerais parfois disparaître sous les couvertures et me contenter de lire et dormir et c’est tout.
Lire, manger et dormir sont assurément mes essentiels. Voilà pourquoi, j’ai adoré le premier confinement. J’ai passé 2 mois en culotte et en sweat en capuche à cuisiner en musique (of course) comme si j’étais la mère de 10 schtroumpfs, à lire tout ce qui me passait sous la main et à noircir des dizaines de carnets. Je mesure la chance d’avoir été seule à ce moment-là.
A propos de lecture, j’ai dévoré hier soir " Faire le deuil de soi ", un livre de Nicolas Menet : sociologue, directeur général du réseau Silver Valley atteint d'un cancer du cerveau incurable qui s'est éteint, le 04 février 2023. Cet ouvrage n'est pas qu'un récit personnel et intime sur une vie qui se rétrécit, c'est avant tout un puissant témoignage politique sur l'urgence de remettre la mort et la fin de vie dans nos vies de vivant.
Tant de choses m'ont touché dans ce livre. Ce que je retiens, c'est que chacun (e) d'entre nous dans des situations données devrait pouvoir conserver son libre arbitre aux portes de la mort et mourir en homme ou en femme libre.
De la même manière que l'on fait des projets tout au long de sa vie, dans certaines situations (maladie incurable), la mort devrait aussi être envisagée comme un projet de fin de vie.
Puisse ce livre et les propositions faites être entendues au plus haut niveau de l'état et permettre d'ouvrir des échanges apaisés et constructifs et déboucher sur des actes forts. Il est grand temps !
Je dois dire que j'ai vécu la lecture de cet ouvrage comme un privilège. Je n'ai qu'un seul regret, ne pas avoir eu la chance d'échanger avec Nicolas Menet pour le remercier infiniment de sa contribution.
Ce n'est pas en parlant de la mort et en décidant de considérer la fin de vie comme un projet que l'on trahit la vie. Bien au contraire ! Selon-moi, c'est en réhabilitant la mort dans nos vies et en lui redonnant la considération qu'elle mérite que l'on pourra enfin progresser sur le débat de la fin de vie ou plutôt la fin d'une vie, car un projet de fin de vie restera toujours un projet personnel et personnalisé.
Ce projet bébé dont je ne sais s’il aboutira, même si j’y crois dur comme fer et ne m’avoue pas vaincue me permet de relativiser vis à vis de millions d’hommes et de femmes devant faire face à des difficultés et des douleurs bien plus importantes que les miennes à commencer par Nicolas Menet dont le courage et la lucidité sont pour moi, une source d’inspiration majeure.
Je ne saurais terminer ce billet sans tirer mon chapeau à toutes ces femmes qui sont en parcours PMA depuis 5 ans, 6 ans et même parfois beaucoup plus. Où trouvent-t-elles la force ? Ont-elles parfois l’impression d’aller trop loin ? Jusqu’où le désir d’enfant peut-il nous conduire ? Telle sont les questions qui m’habitent.
La vérité, c’est que je suis en bonne santé. J’ai beau être seule sur ce chemin de la maternité, je me sais aimée et soutenue.
Pour l’instant, j’ai peu, voire pas de réponses à mes questions, mais j’ai des projets.
Les projets sont toujours ce qui m’a porté et maintenu. Ici, je vis. Ailleurs, je meurs.
Ah, la vie !
Muchos Beso,
Colombe
PS 1 : si vous aussi, vous vivez des heures difficiles dans votre vie pro comme pro, sachez que je suis de tout coeur avec vous. Je sais combien, il est tentant d’abandonner, sans même avoir essayé. Qu’on se le dise, nous avons toutes et tous des forces insoupçonnées. La douleur n’est pas une fatalité. Si vous avez envie de me raconter votre histoire, je serais heureuse de vous lire. Savoir que l’on n’est pas seul(e) à vivre des choses difficiles ouvre l’esprit et le coeur.
PS 2 : en ce moment, je n’écoute que du rap, du raga et du RnB. Vous le savez, j’ai mes phases. Cette chanson de Rosalia, je la sur-sur kiffe. Je l’écoute hyper forte, c’est comme ça que je l’aime et uniquement comme ça.
Comme tu l'as bien écrit et résumé la vie c'est des épreuves, de l'espoirs, la vie, la mort, pleins de petits bonheurs, de joie et de rire.
C'est très difficile de vivre ce manque de maternité et je le sais pour l'avoir vécu. Je n'ai jamais réalisé ce vœux, mais la vie a mis sur mon parcours une multitude de belle rencontre.
Merci !
Colombe tu as tout résumé dans ce billet ; vie, mort, joie, espoir, épreuve "Ah la vie" quoi !
Merci de nous remettre les pieds dans le vrai chaque semaine, alors qu'on pourrait se perdre dans notre monde inondé d'infos, de réactions, d'émotions...A très vite, bises