PASTILLE AUDIO
Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Dimanche dernier, je suis allée voir au cinéma le film Aftersun réalisé par Charlotte Wells avec Paul Mescal.
Ce film est bouleversant de sincérité et d’une rare justesse. Il traite de la dépression d’une manière extrêmement subtile et plus précisément de la dépression masculine. Pourquoi, je vous dis ça ? Car, on sait bien vous et moi que la société projette sur les hommes (sur nous les femmes bien sûr aussi, mais peut-être encore plus sur les hommes) des comportements attendus.
Dans ce film, rien n’est grossier, tout est en retenu et c’est justement ce que j’ai beaucoup aimé.
Ce film, c’est donc l’histoire de Sophie qui se remémore les vacances d’été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d’un bonheur finissant.
Ce qui m’a le plus touché dans ce film, c’est à quel point on peut parfois culpabiliser de ne pas avoir vu le mal-être de quelqu’un que l’on aime. C’est se refaire le film mille fois dans sa tête en espérant trouver des réponses. Or, bien souvent, il n y a pas de réponses, il n y a que des questions qui se bousculent dans notre tête et qui hantent nos jours et surtout nos nuits.
Ce qui m’a bouleversé, c’est de voir à l’écran ce que je vis depuis de nombreux mois dans ma vie privée. C’est de voir un homme qui ne sait pas lui-même, pourquoi, il va mal. La dépression n’est pas un coup de mou passager, c’est une maladie aux contours multiples. C’est une maladie de l’invisible et de l’indicible.
Pour autant, ce film n’est pas tant ou pas qu’un film sur la dépression, c’est un film de vacances oscillant entre joie et mélancolie comme nos parents en ont tourné des tonnes.
A ce propos, j’ai beaucoup pensé à mon père pendant ce long métrage, lui qui nous a tant filmé petite et ado, moi et ma soeur. Je me souviens de lui promenant son caméscope partout, enregistrant nos spectacles de danse, nos innombrables voyages à l’image de celui de New-York, nos anniversaires et j’en passe !
Je me souviens avoir été mal à l’aise plus d’une fois devant cette intrusion camescopique, tout en me disant que ça me ferait des souvenirs. Je me souviens encore lui dire : « Papa, arrête de filmer ». Si parfois, je l’ai prié de m’écouter davantage, je lui suis reconnaissante de ne pas l’avoir fait. Car, je me dis que le jour où il mourra, je serais heureuse de l’entendre me dire dans un son étouffé : « Ma coco, regarde moi ». Et dieu sait, si je n’avais d’yeux que pour lui.
L’année dernière, j’ai justement revu un de ses films. Revoir l’enfant que l’on a été est une expérience étrange. J’ai trouvé que je n’avais tant changé que ça. Une grande gigue, pas très à l’aise avec son corps. À la fois, insouciante, très sensible et perdue dans ses pensées. Il n y a guère que ma voix que je trouve plus grave que je ne pense. Les couleurs des images étaient comme délavées. C’est fou comme les photos et les vidéos importent le passé dans le présent. C’est dingue quand on y pense.
Enfin, si ce film est allé me chercher aussi loin, c’est qu’il aborde des questions sans réponses que je me pose depuis toujours ou presque. Connait-on vraiment les gens que l’on aime ? Quel est le sens de la vie ? Peut-on guérir de tout ?
Vous l’aurez compris, ce film est une pépite que je vous invite à aller voir. Last but not least, la bande-son est merveilleuse :
Et, vous savez combien la musique est importante dans ma vie.
Je vous souhaite une belle et douce journée entourée des gens que vous aimez et qui vous aiment. Et, je nous souhaite quoi qu’il arrive de (re)trouver du sens à nos vies, même si tout part en vrille.
Allez l’amour !
Affectueusement,
Colombe