Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Il y a tellement de choses dont j’ai envie de vous parler que les sujets se télescopent dans ma tête.
La décision de la Cour suprême des USA m’a transpercé pour la bonne et simple raison qu’il y a, un peu plus de 2 ans, j’ai avorté. J’ai décidé en conscience, mais non sans mal (c’est assurément, la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre dans ma vie) de ne pas garder cet enfant. Que l’on ne vienne pas me dire que j’avais cas faire attention ou que la volonté de Dieu était que j’ai cet enfant. BULLSHIT !!!!!
C’est quand même incroyable que des hommes puissent décider à notre place de ce qui est bien ou mal pour nous, de ce qui convient de faire ou non, de ce qui est moral ou non. La morale n’a rien à voir là-dedans, soit dit en passant. Je suis ivre de colère, mais une colère saine devant une telle méconnaissance et une telle inconscience. Je suis aussi très inquiète à l’idée que ce droit fondamental pour lequel tant de femmes se sont battues et se battent encore, puisse être remis en question notamment sur le sol français. Simone Veil doit présentement se retourner dans sa tombe !
Je n’ai manifesté qu’à 2 occasions dans ma vie. En 2002, quand Jean-Marie Le Pen est arrivé au deuxième tour et en 2015 pour l’attentat contre Charlie Hebdo. Je serais assurément prochainement dans la rue pour témoigner de mon soutien à toutes mes soeurs et plus particulièrement à mes soeurs américaines qui sont nombreuses. Je serais là pour faire entendre ma voix et pour dire #jesuisaméricaine.
Je n’ai jamais rencontré, je dis bien jamais, aucune femme qui n’ait avorté par commodité. Mettre un terme à une grossesse est toujours, je dis bien toujours, une blessure. Je vis et vivrai à jamais avec cette blessure.
Supprimer le droit à l’IVG ou restreindre ses conditions d’accès ne dissuadera jamais aucune femme d’avorter si tel est son choix. Et, c’est bien là le coeur du problème.
N’oublions pas que dans de nombreux pays, notamment en Amérique du Sud, des femmes risquent leur vie chaque jour en pratiquant des avortements clandestins; au nom de cette liberté, celle d’avoir le choix. Véronique Séhier, coprésidente du Planning familial, expliquait d’ailleurs en 2018 : « Une femme meurt toutes les 9 minutes d’un avortement clandestin. Environ 25 millions d’avortements à risque ont lieu dans le monde chaque année, la plupart dans les pays en développement. »
Désormais, de nombreux États américains vont venir alourdir ce chiffre. J’en ai la nausée !
Aujourd’hui, plus que jamais, je pense à toutes mes soeurs qui, comme moi, ont fait ce choix par le passé et qui feront ce choix demain. Vous avez tout mon soutien. Votre corps vous appartient. Battons-nous ensemble pour conserver ce droit fondamental qui est aujourd’hui plus que jamais menacé.
Cette newsletter a été assez facile à écrire, mais vous n’imaginez pas à quel point, elle a été difficile à publier. Je le fais parce que je pense au plus profond de moi, que c’est mon devoir de femme, de citoyenne de dire avec les moyens qui sont les miens (cette newsletter) que je suis inquiète et consciente de vivre un moment tristement historique.
Et, parce que je ne saurais finir ce billet sans une note musicale, je partage avec vous cette chanson que j’aime énormément, même si elle n’a rien à voir avec la choucroute. Je la mets à chaque fois que j’ai besoin de me défouler et d’évacuer un trop plein d’énergie :
Il faut la mettre forte, vraiment très forte (j’insiste), sinon, ça marche pas !
Avec tout mon amour et ma combativité.
Douce journée,
Colombe
PS : j’ai lu de nombreux livres sur l’avortement. J’ai beaucoup aimé celui de Colombe Schneck qui s’appelle « Dix-sept ans ». C’est un court livre plein d’émotions où se mêle à la fois, la douceur de l’enfance et la fin de l’innocence. C’est un récit à la fois délicat et puissant qui tente de dire ce qui se joue sans y parvenir totalement. Et, c’est bien comme ça.