Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
La semaine dernière, vous avez été plusieurs à m'écrire pour partager avec moi, vos états d'âme, vos envies profondes, vos peurs, vos aspirations.
J'ai été particulièrement émue par le message d'Amélie et Lina.
L'une s'apprête à se lancer à nouveau dans un parcours PMA et l'autre a osé déclarer son amour. Merci à elles pour leur confiance.
Ceci étant dit, j'ai passé le weekend de Pâques chez mes parents et pour la première fois depuis 6 mois, j'ai pu regarder un film du début jusqu'à la fin. J'ai regardé pour la 800e fois Forrest Gump. Je ne sais pas pourquoi ce film me touche autant et m’émeut à chaque fois intensément. Enfin si, je sais.
Ce qui me touche, c'est de voir un être (en l'occurrence Tom Hanks à l'écran) exprimer sa sensibilité de la plus authentique des façons. Sans calcul, sans artifices. C'est de voir quelqu'un se laisser porter par la vie, traverser en dehors des clous et se laisser déborder quitte à en souffrir. Dès le plus jeune âge, on nous apprend à colorier dans les cases, à écrire bien droit sur la ligne, à ne pas se laisser déborder par ses émotions, à ne pas parler trop fort, à être poli, à être gentil en toute circonstance...
Je crois sincèrement que déborder est la seule façon de se trouver vraiment. Alors, on est pas obligés de sortir des clous si on en éprouve pas le besoin ni l'envie, mais on devrait pouvoir s'autoriser à traverser au feu rouge si aucune voiture n'arrive. Il ne s’agit pas de se mettre inutilement en danger, mais bien d'accepter le risque.
Aujourd'hui, j'ai le sentiment de me trouver à un carrefour de vie. J'ai à la fois le pied sur l'accélérateur et en même temps sur le frein, ce qui est très inconfortable. Je ressens une forte ambition notamment professionnelle et en même temps, l'envie de continuer à accorder beaucoup de temps à ma fille.
Je me prends à rêver d'un poste à fortes responsabilités tout en postulant à des offres en deçà de mes compétences quand je trouve le temps de postuler soit dit en passant.
En tant que maman sola, je me dis que la priorité pour l'année à venir est d'être là pour ma fille, mais quid de mes envies de femme et de professionnelle ? Je suis perdue dans mes envies et aspirations. Et puis, le manque de temps est une immense source de frustration.
Mon problème n'est pas de ne pas avoir de temps pour aller chez le coiffeur ni me faire faire une manucure ou dieu sait quoi d'autre. Je ne le faisais que très peu avant. Je parle du temps de réflexion avec soi-même sans avoir à se préoccuper de 12000 choses en même temps.
Je parle de ce temps suspendu dans une journée où on est seul et parce qu'on est seul, tout devient plus clair.
Je parle de ce temps que l'on dit parfois perdu, mais que j'adorais et qui était si précieux pour moi. Je sais que ça reviendra notamment quand ma fille commencera à être gardée.
Certains jours, je me sens à ma juste place. Et d'autres, pas du tout. Et, je suis prise d'un immense vertige.
Je crois que la vraie force réside dans le fait d'accepter les jours de pas du tout et de se laisser envahir par les larmes. Vous le savez, j'adore pleurer.
Dans une société méfiante des émotions, je crois que les larmes sont une arme de résistance. Elles ne sont pas seulement le langage du chagrin, de la perte, elles sont audacieuses, courageuses.
Aux larmes citoyen(ne).
Belle journée.
Je vous embrasse fort,
Colombe
Ma belle Colombe, je lève mon verre aux jours avec et aux jours sans, à ta plume toujours aussi juste et aussi touchante, aux larmes qui font du bien et apaisent. Je t'embrasse fort !
Coucou Colombe, quel bonheur de te lire semaine après semaine ! Je suis toujours aussi touchée de me dire: mais oui j'aurai pu écrire ces mots, je partage ce vécu... Moi aussi je suis à un carrefour: mon projet de cabinet ne décolle pas encore malgré l'envie ! Je t'embrasse