Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Hier, alors que je me posais 12000 questions sur le futur mode de garde de ma fille, mon prochain job, mon envie de déménager, mon linge à étendre, mon frigo qui prend l'eau, je suis passée faire un coucou à une amie commerçante qui fait probablement les meilleurs cookies au chocolat et à la fleur de sel de Nantes.
Alors que je lui parlais de mes petits tracas, j'ai remarqué que son esprit était ailleurs. Au moment où je lui demandais si elle allait bien, son regard s'est embué. À ce moment-là, elle m'a confessé que sa fille n'allait pas très bien. Sa poupette a des problèmes de santé depuis qu'elle est née ou presque. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mon cœur s'est mis à saigner et j'ai eu l'impression d'avoir le souffle coupé. J'ai toujours été très empathique et sensible et je ne m'en suis jamais cachée. Pour autant, la maternité a exacerbé nombre de mes émotions. En devenant maman, il m'est désormais impossible de rester impassible devant la tristesse et le désarroi d'une autre maman. Alors, tout à l'heure, je suis passée lui déposer quelques petits chocolats (des florentins pour être plus précise) avec une carte que j'ai soigneusement choisie chez mon dealer de cartes préféré.
Ça fait plus de 25 ans que j'envoie des cartes aux gens que j'aime comme à des personnes que je connais peu ou mal. Je crois au pouvoir consolant des mots. Aucun mot ne changera jamais une réalité, mais des mots bien choisis et justes pourront peut-être, je dis bien peut-être, apporter un peu de réconfort. Derrière chaque chagrin, chaque déception, chaque victoire, chaque échec, chaque moment de joie, il y a à mes yeux, une carte qui vaut la peine d'être écrite et envoyée.
Qu'en est-il des drames qui dépassent l'entendement ? Y-a-t-il seulement une carte qui pourra venir consoler Yarden Bibas dont la femme et les deux enfants ont été assassinés. Bien sûr que non. Depuis hier, je ne cesse de penser à ce père qui a tout perdu. Comment survivre à ça ? Comment choisir la vie après ça ?
Devenir mère m'a changé à tout jamais. Une émotion nouvelle s'est logée dans ma poitrine, celle qui fait que l'on compatit instantanément avec toutes les mères et tous les pères du monde entier qui sont en deuil ou dont les enfants vont mal. J'aimerais tant ne pas me sentir aussi vulnérable. Et en même temps, j'ai le sentiment que le plus grand péril qui nous guette serait plutôt un manque ou une absence de sensibilité.
Ce soir plus qu'aucun autre soir, j'ai serré ma fille très fort tout contre moi. Je me suis ennivree de son odeur. J’ai placé ses petites mains dans les miennes. Je l’ai couverte de bisous. J'ai tardé à la coucher alors même que chaque jour de la semaine, j'ai prié pour qu'elle s'endorme rapidement. J'ai eu besoin de sentir la vie.
Je dédie cette newsletter à chaque parent qui souffre dans le fracas du silence.
Belle fin de semaine en musique encore et toujours.
Je vous embrasse fort,
Colombe
PS : parce que Sade sera toujours une bonne idée 🙏🏻💙
Un Colombillet émouvant et tendre, oui bien sur je crois au pouvoir des mots doux et des cartes choisies avec amour, ils ne changent pas le chagrin éprouvé mais ils permettent de se sentir entouŕé et c'est énorme. Sur mon buro j'ai une de ces cartes aux mille nuances de bleu qui réchauffent mon coeur les jours de blues. Merci pour tes pensées et biz à toutes les deux.
Bouleversant. Merci Colombe.