Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Comment allez-vous aujourd'hui, en ce jeudi 23 janvier ? De mon côté, ça va doucement, non pas parce que j’ai pris 1 an de plus la semaine dernière, mais parce que je suis fatiguée. Rappelons au passage que la privation de sommeil est une méthode de torture 🤣
Tout d'abord, impossible de démarrer cette newsletter sans vous remercier de vos nombreux retours suite à ma dernière newsletter. Il semblerait que certaines d'entre vous aient été très touchées par mes propos et y ont vu une opportunité pour s'interroger sur leur propre rapport à la mort. J'en suis ravie tant je pense capital de sortir le sujet de la mort du placard dans lequel on l'a enfermé beaucoup trop longtemps. Parler ouvertement de la mort n'a rien de morbide ou de sinistre, ça fait partie de la vie. Je crois que la vie est extrêmement précieuse parce que précisément, elle a une fin.
Ceci étant dit, je pensais que la maternité provoquerait assez peu de changements en moi. Je me suis bien gourée et pas qu'un peu. Je ne suis plus la même femme.
Depuis une semaine, je n'arrive pas à trouver ne serait-ce que 30 min pour travailler sur mon projet professionnel. Et, je n'arrive toujours pas à lire plus de 10 pages d'un livre de manière consécutive. Pour une lectrice autrefois boulimique comme moi, croyez-moi, c'est difficile à vivre. Au moment où je vous écris, ma fille fait des vocalises comme si elle se prenait pour Natalie Dessay. Se concentrer dans ces cas-là devient un tour de force. Généralement apres les vocalises viennent une petite série de pleurs. Que voulez-vous, ça fatigue d'entraîner sa voix !
Mon rôle de maman m'a complètement englouti. J'ai l'impression d'être dans Vingt Mille Lieues sous les mers. En même temps, ma fille n'a pas encore 3 mois. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je n'ai jamais pensé être plus forte ou meilleure que mes sœurs. De par mon âge (avancé si on parle sur le plan de la maternité. Je rappelle qu'à mon âge, on parle de grossesse gériatrique. À ce propos, j'aimerais bien parler à l'huluberlu qui a inventé ce terme horrible. C'est forcément un homme), je pensais naïvement passer au travers de certains ressentis. Il n'en est rien. Mon cerveau tourne au ralenti et mes sujets de discussion, d'interrogation tournent exclusivement autour de ma fille Blanche. Je n'arrive pas à suivre une conversation complexe et me demande parfois si je récupérerais l'entièreté de mes neurones.
Je me sens certes épanouie et parfaitement à ma place, mais aussi complètement à la rue. En termes de dissonance cognitive, je crois qu'on est au max.
Je regarde ma fille avec une fierté immense, et en même temps, je ne peux m'empêcher de me dire : “ Purée, mais c'est quoi ce bordel “. Personne ne m'avait réellement prévenu de la survenue d'émotions aussi contradictoires.
Je comprends enfin pourquoi on dit que la maternité engendre une perte d'identité et que tout l'enjeu est de réussir à appréhender une nouvelle identité.
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer être maman sola n'est pas ce qui complique la donne (bien au contraire), ce qui rend les choses complexes, c'est plutôt ma personnalité et ce qui faisait ma vie d'avant.
Avant, je pouvais lire 3 heures d'affilée et dîner à 22h ou 23h. Ce qui primait, c'était le plaisir de me laisser happer par une histoire;
Avant, je pouvais décider de partir 3 jours avec pour seul bagage un petit sac à dos. 3 culottes, 1 pantalon de rechange, 3 paires de chaussettes, 1 sweat ou 1 pull, 2 tee-shirts et yala;
Avant je pouvais porter jusqu'au 3e étage des sacs de courses lourds et volumineux;
Avant, je pouvais répondre à n'importe quelle invitation au débotté;
Avant je faisais une machine à laver 1 seule fois/semaine (merci les lingettes décolorantes);
Avant, je me fichais royalement que mon frigo ressemble au désert de Nubie;
Avant, mon cerveau tournait à mille à l'heure (un de mes partenaires québécois avait coutume de dire quand il parlait de moi : “ Ça va vite là-dessous ”);
Avant, c'était avant.
Aujourd'hui, ma vie est très différente et je ne regrette strictement rien. Je trouve même ma vie vachement plus chouette, en tout cas plus rock and Roll, ça c'est sûr. C'est juste que j'ai l'impression d'être en plein milieu de l'océan sans boussole, ni ligne d'horizon claire.
Je dédie cette newsletter à tous les marins d'eau douce perdus comme moi.
Un jour viendra mes bien chers frères et mes bien chères soeurs où on retrouvera la ligne d'horizon.
D'ici là, prenez bien soin de vous et surtout des autres.
Doux jeudi à toutes et à tous
Je vous embrasse fort,
Colombe, une militante de la douceur
Marin d'eau douce perdu et militante de la douceur, quelle bellle identité ! Prends soin de toi et de Blanche..
Toutes mes félicitations pour la naissance de votre bébé.
Je vis un peu comme vous cette impossibilité de lire plus que quelques lignes d'un livre chaque jour... alors que je pouvais également passer des heures sur un bouquin intéressant. Je me suis sentie moins seule en vous lisant ! 😉