Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Nous ne sommes pas jeudi, mais c'est ce soir que j'ai envie de vous écrire (et que je peux du reste vous écrire) et de partager avec vous, les soubresauts de ma nouvelle vie.
Avant toute chose, je pense important de rappeler que l'on peut à la fois être très heureuse et épanouie et en même temps lessivée et en perte de repères.
L'arrivée de Blanche dans ma vie est un cadeau du ciel. Mais, comme tout cadeau que l'on reçoit, il y a une part de découverte et de surprise. Et parfois, la surprise s'avère bien plus énorme que ce qu'on imaginait.
Lorsque certaines femmes que j'accompagnais me racontait à quel point, elles étaient fatiguées et combien le manque de sommeil et le manque de temps pour elle pesaient sur leur équilibre, j'entendais évidemment ce qu'elles me disaient, je compatissais, mais je ne saisissais pas pleinement les tenants et aboutissants. Comment aurai-je pu le faire ?
Aujourd'hui, je le vis et je prends la pleine mesure de ce que représente l'arrivée d'un nouveau né dans une existence, la mienne en l'occurrence.
Blanche est un bébé extrêmement éveillé qui a soif de découvrir le monde qui l'entoure. Les chiens ne font pas des chats, j'ai envie de vous dire. Le corollaire de ça, c'est qu'elle ne dort pas beaucoup ou du moins pas quand je rêverai qu'elle pique un roupillon.
Moi qui me disait patiente, j'éprouve jusque dans ma chair ce qu'est la véritable patience. Moi qui me disait sereine, j'éprouve dans ma chair ce à quoi pourrait ressembler la vraie sérénité.
Blanche est en train de bousculer un grand nombre de mes repères et de détricoter un certain nombre de choses que je prenais pour acquis.
Moi qui était déjà intense, mon variateur est au plus fort.
Un sourire d'elle au petit matin alors que je n'ai dormi que 2h m'emplit le cœur de joie. Un simple gazouilli me fait fondre comme un chamallow sur un pique. Une crise torrentielle de larmes contribue grandement à faire accélérer mon palpitant.
Toutes mes émotions et sensations sont multipliées par 10. Même ma façon de penser et de “ rêver à demain “ est en train de changer. Son arrivée est à la fois une grande bouffée d'air frais et l'événement le plus bouleversant que je n'ai jamais vécu.
Dans une même heure, je peux être au zénith de ma vie et en même temps au fond du sceau. Je peux avoir une confiance en moi infinie et ressentir une fragilité abyssale. Je peux vouloir arrêter le temps et le faire accélérer. Je peux être intimement convaincue que tout va bien aller et me demander comment je vais pouvoir m'en sortir seule.
Aujourd'hui, je ne m'appartiens plus. C'est peut-être ça le plus déroutant et que l'on ne peut absolument pas anticiper tant que l'on ne tient pas dans ses bras, sa progéniture.
Pour l'instant et pour un petit moment, un petit être dépend entièrement de moi. Aucun autre événement que la maternité (hormis peut-être le fait d'être aidant) ne provoque selon-moi, ce genre de sentiment.
Avoir réalisé mon rêve ne m'empêche pas d'être clairvoyante. Être mère correspond à la fois pleinement à ce que j'imaginais et en même temps pas du tout. Et, c'est dans ce “ pas du tout “ que se niche peut-être la vérité sur la maternité.
Peut-être que la maternité, c'est la perte de tout ce qui nous était familier jusqu'alors. À l'heure précisément où tout est si mouvant, j'apprécie de retrouver mes rituels : aller marcher 30 minutes, aller boire un chocolat chaud dans un lieu que j'aime infiniment et qui me ressource, échanger avec une amie… J'aimerais vous dire que j'ai retrouvé le chemin des livres. Mais, il n'en est rien ! Pour l'instant, mon cerveau est incapable de se concentrer sur une succession de mots.
Ces micros actions sont mon ancrage et ce qui me permet de me raccrocher à quelque chose de familier.
Ma vie est assurément plus belle et plus colorée depuis que Blanche est arrivée, elle est aussi un peu plus bancale. À bien y réfléchir, je crois que j'aime ce côté bancal pour la même raison que ce que j'aime le plus chez mes amis, les gens avec qui je travaille ou les gens que je rencontre pour la toute première fois, ce sont leurs aspérités, leurs failles, leurs contradictions, leurs vulnérabilités.
Je dédie cette newsletter à nos vies bancales qui n'en sont pas moins belles ni moins solides.
Douce soirée.
Je vous embrasse fort,
Colombe
Merci Colombe de mettre des mots si juste sur ce qui est parfois si dur à exprimer une fois dans ce tourbillon.
Tout m’a parlé, tu as fait un gros câlin à mon cœur , merci ♥️!
Prends bien soin de toi et merci encore d’ancrer par des mots tous ces moments qui nous marquent à vie !
Je vous embrasse toutes les deux
Un très joli Colombillet qui décrit parfaitement bien le tsunami émotionnel et le bouleversement puissant de ta vie. J'aime quand tu parles du gazouillis qui te fait fondre... prends soin de tes micro ancrages, bises à toi et à Blanche !