Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Nous sommes jeudi et il est 19h59. Depuis l'arrivée de ma poupette, mon rapport au temps s'est transformé. Quand je crois avoir un peu de temps devant moi, ma fille me rappelle quelles sont mes nouvelles priorités.
Que vous dire si ce n'est que mon corps et mon esprit sont entièrement tournés vers Blanche. Après 1 mois merveilleux passé chez mes parents, je suis de retour chez moi. J'étais quelque peu fébrile à l'idée de devoir tout gérer seule. En réalité, les choses se passent plutôt bien. Chaque journée est une leçon de lâcher prise.
Ma penderie est sans dessus-dessous, les cadeaux et affaires de Blanche sont éparpillés un peu partout dans l'appartement. Jusqu'à ce matin, mon frigo regorgeait de tupperwares (entre temps, j'ai tout mangé), les couches et bouteilles d'eau d'un litre et demi ont remplacé les produits apéro.
À 42 ans, je mène la vie que mes amies avaient à 30 ans. Dernièrement, j'ai réalisé que je n'aurai jamais pu être maman avant cette année. A 30 ans, je n'étais pas prête et n'avais par ailleurs nullement envie d'être maman. Je n'ai jamais été aussi convaincue de la nécessité de s'écouter et de faire les choses comme et quand on l'entend. Combien de femmes ont des enfants à un moment qu'elle juge a posteriori peu ou pas raccord avec leurs envies profondes ?
Autant je suis réactive et rapide dans ma vie professionnelle, autant, je prends mon temps dans ma vie perso. Je serai plutôt de nature lente à la détente. Et, figurez-vous que je m'en félicite.
Même si dans les faits, en ce moment, je suis pas mal sous l'eau, je ne ressens pas de stress et n'ai pas le sentiment de passer à côté de quoi que ce soit. J'ai la vie que je voulais. En revanche, j'ai en commun avec mes amies de craindre de ne pas être suffisamment présente demain, de ne pas être suffisamment à l'écoute ou patiente, de ne pas en faire assez ou à l'inverse d'en faire trop, de ne pas réussir à combiner mes différentes casquettes, d'être une mère trop protectrice ou trop permissive. D'être un peu trop “ une mère “ et pas suffisamment “ une femme “ ou l'inverse.
Avant Blanche, la peur de mal faire ou de ne pas faire étaient très peu présentes dans ma vie. Aujourd'hui, je ressens une responsabilité nouvelle. Je ne vois pas ça comme une mauvaise chose. C'est un fait !
À l'heure où je vous écris, Blanche est face à moi et dort paisiblement. Pour l’instant en tout cas. Elle s'est endormie sur mon coussin d'allaitement. Je n'arrive pas à détourner mon regard de son visage et de ses joues rebondies. Je la trouve incroyablement belle et je trouve qu'elle me ressemble sur certains points. Suis-je objective ? Bien sûr que non. On croit toutes et tous devoir l'être. En réalité, je crois que ce qui manque cruellement à notre monde aujourd'hui, c'est justement de la subjectivité, et de la personnalisation. Prendre les choses à cœur et mettre de l'affect dans ses relations professionnelles comme personnelles me semble essentiel et être de surcroît, le remède à l'individualisme galopant de notre société.
Je crois qu'on fait bien les choses et que l'on finit par trouver sa place dans le monde quand on met beaucoup de soi. Alors oui, parfois, on y laisse des plumes. Mais à bien y réfléchir, je préfère perdre quelques plumes ici ou là que de me protéger démesurément.
D’ailleurs, je ne crois pas que nous devions nous protéger, nous devons au contraire accepter le risque.
Entreprendre une PMA sola était risqué, décider en conscience d'être une mère célibataire dans une société où on glorifie le couple est risqué, revendiquer la légitimité de mes choix de vie est risqué. Finalement, vivre, c'est risquer. N'est-il pas ?
À méditer en musique ou pas 😉
Belle soirée.
Je vous embrasse fort,
Colombe