Mes chères lectrices, Mes chers lecteurs,
Je crois vous l'avoir déjà dit, mais j'ai une passion pour la photo. J'aime la découvrir, la contempler, la laisser me happer, la collectionner. Je suis entourée d'amis photographes depuis toujours ou presque et suis sortie avec quelques photographes. Me concernant, je ne fais que peu de photos. Je côtoie des gens tellement talentueux que j'ai du mal, je crois, à me sentir légitime avec ce médium. Peut-être qu'un jour, ça changera !
Mardi en toute fin d'après-midi, j'ai été découvrir une exposition photo dans un parc non loin de chez moi que j'aime tout particulièrement. Cette exposition m'a beaucoup touché. Elle explore le monde de la matière et la vision que nous en avons toutes et tous et qui nous est propre. On ne parle donc pas d'un monde uniforme, mais d'une pluralité de mondes.





Le photographe qui expose et qui est autodidacte se définit plus comme un poète de l'image que comme un photographe. J'aime beaucoup cette idée de poète de l'image, car j'ai toujours pensé qu'avant de faire une photo, on l'imaginait, on la mentalisait, on la planifiait un peu, voire même parfois beaucoup et ensuite on la déclenchait. Si vous faites vous-même de la photo, vous savez probablement que c'est l'art de la patience.
Ce qui m'a par ailleurs beaucoup touché, c'est le parcours de ce photographe qui au passage s'appelle Bertrand Vigneron.
Retenez bien son nom : https://www.bertrandvigneron.photo/
Celui-ci a décidé d'exposer son travail pour médiatiser la maladie de Charcot (dont il est atteint), une maladie qui au fur à mesure des années emprisonne la personne touchée dans son propre corps. Si cette maladie me touche autant, c'est parce qu'un de mes oncles en est mort. Il n' y a pas si longtemps de cela, très peu de gens connaissait cette maladie. Aujourd'hui, on en parle beaucoup plus et elle est de surcroît incarnée par des malades plus ou moins connus qui n'hésitent plus à prendre la parole publiquement et qui en donnent une image beaucoup moins misérabiliste que par le passé. Si vous n'avez pas vu le film “ Invincible Été “, c'est le moment de le voir. Ce film est un hymne à la vie. Une véritable pépite qui m'a bouleversé lors de sa sortie, il y a un an.
Revenons aux photos que j'ai vues. J'ai à la fois ressenti toute la vulnérabilité de la nature, sa singularité et en même temps toute sa force. En regardant le travail de Bertrand encore et encore, je n'ai pu m'empêcher d'y voir une métaphore de la vie. Peu importe le nombre de fois où cette dernière nous a malmené, la vie est belle, elle est puissante et elle est précieuse, car éphémère.
Pour l'anecdote, j'ai eu connaissance de cette exposition tout à fait par hasard en écoutant le podcast RayonNantes, un podcast nantais qui donne la parole à des acteurs et actrices de la vie nantaise. Ce n'est pas le fait que cet homme soit malade qui m'a touché, mais bien son regard sur la vie, sa joie de vivre, son parcours professionnel et personnel, la chance qu'il a eu d'avoir rencontré la photo (dont il n'a jamais fait son métier) et ainsi d'avoir pu exprimer son plein potentiel pour ne pas dire sa zone de génie.
A la fin de l'épisode, j'ai immédiatement contacté Bertrand en lui disant que je serais heureuse qu'il me parle de ses photos à l'occasion de ma venue. Et oui, je suis comme ça. Quand une personne me touche, j'ai besoin de le lui dire et de lui témoigner de ma gratitude. Alors que je découvrais l'exposition et qu'il était en train de papoter avec des amis, je me suis permise de venir le saluer et de lui dire combien certains de ses clichés m'avaient touché.
L'art peut tout transcender. Les barrières linguistiques, culturelles, religieuses. La maladie, le handicap, la différence. Si l'art n'a pas le pouvoir de guérir, il peut selon-moi soigner, soulager, élever, libérer.
À l'inverse, les réseaux sociaux, tous autant qu'ils sont, tendent selon-moi à offrir une vision déformée de la réalité, à rétrécir le monde et à nous éloigner de ce qui compte vraiment. J'en ai pris pleinement conscience depuis mon retrait total en janvier dernier du seul réseau sur lequel j'étais encore (j'ai nommé LinkedIn), retrait dont je me demande d'ailleurs s'il ne sera pas définitif. Je n'ai pas encore tranché.
Pour moi et je dis bien pour moi, ce qui compte vraiment, ce sont les rencontres dans la vraie vie. C'est de voir les gens, les écouter, les sentir. Tenter de les comprendre, d'apprendre d'eux et parfois les serrer dans mes bras.
D'aussi loin que je me souvienne, pour me sentir pleinement vivante, j'ai toujours eu besoin d'être touchée, bouleversée, déstabilisée, décontenancée. J'ai besoin d'être confrontée à un regard, à une manière d'être au monde. Sorry but not sorry, seules les rencontres physiques offrent cette intimité des sentiments.
En ces temps agités et brouillés, l'art est mon oxygène, ma façon à moi de respirer. Pas une journée ne se passe sans que je ne prenne ma dose d'Art. J'en ai besoin !
Aux artistes d'ici et d'ailleurs à l'image de Bertrand qui nous font rentrer dans leur univers et qui nous permettent de voir la vie non pas telle qu'elle est, mais telle qu'ils/elles la voient et que nous la verrons à notre tour.
Doux jeudi en multicolore :
Je vous embrasse fort,
Colombe
"À l'inverse, les réseaux sociaux, tous autant qu'ils sont, tendent selon moi à offrir une vision déformée de la réalité, à rétrécir le monde et à nous éloigner de ce qui compte vraiment." Merci pour ces mots. Depuis des mois, je ressens un manque de sens derrière les réseaux sociaux. Encore un argument qui pèse dans la balance !